La canal des deux Mers n’avait plus vu de transport de marchandises depuis 1989 pour le canal du Midi, et 2001 pour le canal de Garonne, mis à part le trafic généré par le transport des pièces de l’Airbus entre Bordeaux et Langon sur la Garonne, et un voyage annuel effectué vers Paris sous forme associative.
C’est pourquoi, après plusieurs sollicitations pour le transport d’un colis lourd (transport exceptionnel), et dans le doute concernant les données précises sur l’état du canal aujourd’hui, le Tourmente a réalisé un voyage test avec un chargement équivalent en poids et en volume aux colis susceptibles d’être transportés entre Bordeaux et Sète.
Ce voyage a été voulu et soutenu par l’Équipage, VNF, EDF, la région Aquitaine et un opérateur de transport intéressé par ce nouveau marché.
Ce voyage a été un succès, car, malgré les quelques endroits où nous avons rencontré des difficultés du fait d’un canal envasé, nous avons pu passer avec 136 tonnes de lest et 1,50 m de tirant d’eau.
C’est peu, considérant que les bateaux, jusque dans les années 80, passaient avec un chargement de 170 voire 180 tonnes, et 1,70 m de tirant d’eau.
Mais cela ouvre des perspectives sur un réseau qui n’accueille plus qu’une activité touristique saisonnière, et encore seulement sur une petite partie de son parcours. Et la perspective de pouvoir répondre à l’attente des entreprises qui, tout au long du canal, attendent des propositions et des encouragements pour avoir recours au transport le plus écologique mais le moins mis en valeur en France.
Sans nul doute c’est un espoir de voir se créer une activité économique dans la droite ligne de la volonté des pouvoirs publics français et européens de faire du report modal.
Un voyage que je dédie à ceux qui ont fait vivre le canal sur leurs bateaux depuis sa création jusqu’à l’arrêt du transport à la fin du XXème siècle, à tous ceux qui continuent ce métier sur le reste du réseau navigable national et international, mais aussi à tous ceux qui, à notre passage, ont applaudi et ont levé le pouce, et enfin à Robert Navarro, ex vice-président en charge des transports à la région Languedoc Roussillon, qui, lors de l’inauguration des travaux sur le canal de Rhône à Sète et devant un parterre de personnalités, a dit en me regardant dans les yeux: “il ne faut pas écouter les illuminés qui prétendent qu’on peut faire du transport sur le canal du Midi”.