Et si on parlait d’autre chose que des platanes?
Naviguer sur le canal du Midi peut encore procurer la satisfaction d’un travail bien fait.
On peut cependant distinguer trois secteurs aux caractéristiques bien distinctes entre Toulouse et l’étang de Thau:
La première, jusqu’au seuil de Naurouze où il n’est plus possible de naviguer dans de bonnes conditions depuis l’automatisation des écluses. Plaisanciers ou professionnels, la lenteur des bassinées et les incidents multiples dus à l’absence d’éclusiers vous découragent de fréquenter cette portion de canal, qui plus est bruyante car longée par l’autoroute.
Dans le secteur suivant, de Naurouze à Carcassonne, le changement est radical: des éclusiers à leur poste, un paysage (encore) jalonné par les platanes, une présence supportable des apprentis pilotes sur leurs Tupperwares.
La traversée du grand bassin de Castelnaudary reste un grand moment où l’on ressentirait presque l’appel de la mer……Les éclusiers de Saint Roch, sont là, cachés dans leur tour de contrôle, très pros pour avoir passé il n’y a pas si longtemps les derniers pinardiers, armés de patience avec les néophytes de la base toute proche.
C’est là où on traverse le plus d’écluses, et où il est pourtant encore possible à une péniche au gabarit du Midi de naviguer convenablement.
Les choses se gâtent à partir de Carcassonne, dans un port où n’existe pas de poste d’attente à l’écluse, et où quelquefois les bateaux promenades effectuant des circuits font obstacle à la fluidité du trafic. Problème que l’on retrouve aussi à Fonserannes.
Ensuite, gare à vous! Nous arrivons dans le secteur le plus fréquenté du canal, jusqu’à l’étang de Thau, où la partie sera plus dure à jouer, quelquefois une partie de billard qui malheureusement se traduit par une multitude d’incidents voir d’accidents aux conséquences parfois dramatiques. La vigilance de l’éclusier devient indispensable face à l’incompétence des navigants, pour permettre au moins un passage aux écluses dans des conditions acceptables.
Ainsi plusieurs modes d’exploitation se succèdent sur le canal, correspondant à des fréquentations différentes, avec le sentiment curieux que, dans la partie la moins fréquentée, tout est là pour décourager les candidats à la navigation, alors que dans le secteur où on trouve l’écluse la plus fréquentée de France, Argens, la volonté de nos élus est d’attirer encore plus de touristes, « mais pas n’importe lesquels, ceux qui ont les poches pleines », comme on a pu l’entendre dernièrement de la bouche d’un président de région sur les bords du canal.
La quantité aura-t-elle raison de la qualité? Le pouvoir d’achat sera-t-il finalement le critère d’accès à la voie d’eau, avec une menace de surtaxe pour les navigants? Et qui accueillera les touristes? Des saisonniers à leur service ou les habitants d’une région riche d’activités et de productions diverses ?